Encore une louche…

Publié le par WENS

Mettons de côté l’aspect commercial, savoir qui, des yéyés de la « nouvelle BD », ont ou n’ont pas un public vraiment significatif, ce n’est pas ce qui est important. En ce moment, globalement les albums se vendent mal. Quelques énormes succès donnent au grand public l’impression que tout baigne alors qu’en réalité la grande majorité des titres n’est pas rentable.
 Fin d’année oblige, on a droit à l’analyse détaillée de Gilles Ratier, déprimante au dernier degré devant l’évidence de ce qui fait les grosses ventes et de l’écart vertigineux entre ces « locomotives » et le reste de la production.
C’est la vie, on y peut rien.
Pourquoi le public va acheter ceci plutôt que cela, c’est mystérieux, mais pas tant que ça quand on connaît l’effet d’une pile de bouquins à l’entrée d’un supermarché.
Il y a surproduction, la tribu des auteurs compte trop d’individus, un processus de régulation naturel va se mettre en place tout seul, plein d’auteurs vont lâcher les crayons.
Évidemment, ça ne concerne pas les « rentiers » à la tête d’un petit capital de lecteurs captifs et Pavloviens achetant sans barguigner le nouvel avatar d’une série mythique sans intérêt depuis des lustres. On pense à ces dessinateurs qui planent en cercles concentriques au-dessus du « grand auteur » un peu patraque dont la série pourrait bientôt être à reprendre, s’entraînant dans l’ombre et en tirant la langue à bien imiter le maître. Ça nous donne des tomes 56, des retours infinis à plusieurs mains, des photocopieurs qui surchauffent…
Le public, convenablement manipulé, aime retrouver ses héros d’enfance.
Et ce n’est pas inutile de l’entretenir dans cette perversion nostalgique. Ça fait rentrer des sous dans les caisses des éditeurs et c’est avec cet argent qu’ils peuvent financer les nombreux albums déficitaires parmi lesquels se trouvera peut-être la perle rare qui fera un succès…Qu’on pourra reprendre à l’infini.
L’état actuel des choses, c’est qu’il y a indéniablement trop d’auteurs.
Ça signifie du même coup qu’il n’y a pas assez de lecteurs.
On pourrait imaginer un « Angoulême spécial loi de la jungle », au cours duquel tels des « tontons flingueurs », PLOP ! PLOP ! PLOP ! les auteurs s’élimineraient au silencieux dans les sombres et froides ruelles de la ville.
Heureusement qu’on est une chouette bande de copains !
« La nouvelle BD », si elle a apporté un souffle nouveau, a aussi, en faisant école généré tout un courant de dessinateurs minimalistes, quelquefois talentueux, mais le plus souvent seulement inspirés par la facilité apparente de ces codes graphiques.
Il est plus facile d’être un « sous-Joann Sfar », qu’un « sous-françois Schuiten », si vous voyez ce que je veux dire !
Mais dans ce style-là comme dans d’autres, peu importe en réalité qu’il y ait pléthore, si « le public » pouvait s’y retrouver et avait la capacité financière d’acheter plein plein plein de livres. Imaginez déjà le gars qui est amateur des BD de Sfar, Trondheim et Larcenet, rien qu’avec ces trois-là, ( qui produisent comme des bulldozers), son porte-monnaie en prend un sacré coup. Stratégie ou intuition, ils ont pris une place en librairie étonnante en publiant un nombre de livres impressionnants.
Honneurs gloire et beauté (hum !), ils sont les « rois du pétrole » et si ça peut agacer, ils ne le doivent qu’à eux-mêmes.

 
Je me souviens d’avoir découvert les premières BD de Sfar et de m’être dit :  « Ce mec-là, il ne va pas en vendre beaucoup, mais ce qu’il fait est génial ! »…On peut dire que j’ai de l’intuition !
Est-ce que ces « golden-boys » de la BD ne se conduisent pas un peu comme des petits cons arrogants et prétentieux ?
Je ne sais pas, je ne les fréquente pas, mais j’entends pas mal de commentaires qui commencent à faire de certains un portrait pas très flatteur.
Ce qui me semble évident, c’est que cette corporation ressemble de plus en plus à la société Française, avec ses inégalités, ses clans, ses chapelles.
J’ai l’impression que les générations précédentes étaient plus unies, mais peut-être que j’idéalise…
Avant, les « maîtres » avaient le temps de voir leurs disciples gravir la montagne, aujourd’hui, des auteurs installés sont bousculés par une horde de jeunes gens pressés et irrespectueux qui viennent trancher dans le vif de leur lectorat.
Finalement, il y a peu de gens qui lisent de la bande dessinée en France. Mais il y a peu de gens qui lisent tout court.

J’ai eu quelques réactions sympathiques parmi les « initiés » qui visiblement ne sont pas lecteurs de BD, du genre : « on y connaît rien, indique nous quelques trucs intéressants ».
 Là, je suis bien ennuyé, je pourrais vous faire une liste des trucs géniaux que publient mes copains…
Bon, je vais y réfléchir, mais je ne sais pas si mes goûts sont indiqués pour des lecteurs qui n’ont pas lu de BD depuis l’enfance…
Tiens, s’il y en a que ça amuse de me donner quelques titres, on pourrait se faire un truc interactif d’une modernité folle ?!!

Publié dans blog.captain.arobase

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